Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

Catharzie (Ether Glister) par Thierry Bellefroid
"Ether Glister N°1 : Catharzie", par Yoann et Ferlut. Colection Néopolis des éditions Delcourt.

Nouvelle série, une de plus, pour Yoann Chivard, le dessinateur surdoué de Toto l'ornithorynque. Première série, en revanche, pour Nathalie Ferlut qui évolue pourtant depuis plusieurs années dans le petit monde de la BD et celui de l'animation. Leur rencontre débouche sur cette histoire de science-fiction où une femme, Ether Glister, vole bien vite la vedette aux hommes que l'on croit être les protagonistes principaux au début de l'album. Le scénario est bien mené, même si la plupart de ses ingrédients ont un petit côté déjà-vu (planète séparée en deux par une guerre fratricide, atmosphère irrespirable après un conflit, complot gouvernemental contre un savant jugé gênant, etc...). Le personnage central -Ether Glister, donc- n'a pas livré tous ses secrets, loin de là. Le lecteur s'en aperçoit vite, cette jolie brune a encore plus d'un tour dans son sac. Elle se tire peut-être un rien trop facilement des embûches que sa scénariste met sur sa route, mais jusque-là, sans compromettre la crédibilité de l'histoire. Son faire-valoir, l'officiant La Corneille, oscille entre le rôle d'empêcheur de tourner en rond et celui d'empoté. Il vient renforcer par opposition la position dominante et attrayante d'Ether. Quant au dessin de Yoann, il me semble plus abouti que jamais. Le mélange des techniques amène une mise en couleur stupéfiante, d'une originalité certaine, qui peut se permettre -à l'instar d'un de Crécy- de faire fi de toute notion de fidélité à la réalité. Chez Yoann, la couleur est un mode d'expression en soi, elle raconte les ambiances et les états d'âme des personnages et de l'auteur à la fois. Elle vit sa vie propre, loin des codes habituels. Chaque case est surprenante d'audace. Et à lire cet album, on mesure à quel point le traitement plus réaliste de Ninie Rézergoude, la série que dessine Yoann sur le scénario de son complice Eric Omond, manque cruellement de fantaisie dans les couleurs !
« Les poupées de Jérusalem », tome 2 des aventures du Professeur Bell. Par Joann Sfar. Chez Delcourt.

Plus mystique que jamais, Sfar se fait plaisir en nous livrant cet album étrange, personnel, ovniesque, pourrait-on dire. Dans des décors en partie existants, ceux de Jérusalem, le chassé-croisé des religions, des esprits et de la mauvaise foi satanique fait des ravages. Belzébuth version Sfar, ça vaut le détour. Et ce qui vaut tout autant le détour, c'est cet imaginaire sans contrainte qui peut nous emmener d'un seul coup aux frontières de nos propres croyances comme au pays de la fantaisie la plus pure. Très sombres, comme toujours chez Sfar, les cases recèlent une ombre obsédante, qui pourrait bien être celle de l'auteur lui-même, penché sur sa feuille. La plume a dû chauffer, parfois, à voir certains dessins. D'autres ont une lisibilité plus rare, plus classique, à laquelle Joann ne nous avait pas habitués. C'est de ce mélange que naît la magie. Une magie indicible, que personne d'autre ne manie comme lui. Faite de références (une constante chez lui, même dans des BD pour enfants comme le Petit Vampire) mais aussi de poésie, d'imaginaire et de théâtres de marionnettes invisibles. Bref, du Sfar de chez Sfar, mais en très réussi, qui confirme que Professeur Bell -salué par toute la critique lors de la sortie du premier album- est bien plus qu'un nouveau détective dans le monde de la BD. C'est un personnage à part, qui doit beaucoup à la littérature fantastique et qui doit encore plus à l'imagination unique de son créateur. Le genre d'album qui renouvelle tout un pan de la BD à lui tout seul !
Critical Mass (Némésis) par Thierry Bellefroid
« Critical mass », le tome 3 de la série Nemesis. Par Ange, Janolle et Van den Abeele. Chez Soleil.

Soleil réédite les deux premiers tomes de cette excellente saga et y ajoute un tome trois qui vient conclure un premier cycle passionnant d'un bout à l'autre. « Nemesis » n'a pas grand chose à envier au « Chant des Stryges ». Chassant sur les mêmes terres, les scénaristes (ils sont deux à se cacher sous le pseudo « Ange ») sont des enfants d'X-Files et nous proposent de plonger dans une histoire qui mêle éléments fantastiques, historiques, policier. Après un deuxième tome un peu tiré en longueur, ce troisième volume arrive à point nommé pour relancer l'intérêt de la série (d'où la réédition des deux premiers albums). En deux mots, deux inspecteurs du FBI enquêtent sur les expériences d'un marchand d'armes qui tente de permettre la fusion du corps humain et d'entités extérieures en détournant l'énergie d'explosions atomiques. Coups tordus, CIA mouillée, débiles mentaux transformés en créatures démoniaques, personnages principaux qui ont le bon goût de ne pas être parfaits -loin de là-, on ne s'ennuie pas à la lecture de Nemesis. On s'ennuie d'autant moins que la mise en page est nerveuse et le découpage intelligent. Le duo de flics -auquel s'ajoute une sympathique alliée de la CIA qui fait chavirer le coeur d'un des deux inspecteurs en question- est aussi attachant que crédible. L'histoire, que l'on croit deviner à ses débuts, comporte suffisamment de rebondissements et de développements pour rester captivante pendant plus de 150 pages. Côté dessin, Alain Janolle oscille entre un traitement classique, assez proche du trait de Christian Durieux et des accents plus mangas (notamment, dans les yeux de ses personnages). Ses « monstres », des humains robotisés et équipés de lames au bout des bras, sont très convaincants. Bref, le résultat est franchement à la hauteur. Il confirme la forme des scénaristes de Bloodline et Tower.
Fichtre ! par Thierry Bellefroid
« Fichtre ! » de Steven Weissman, chez Amok.

Un coup de poing dans l'oeil. C'est la première impression que vous fera cet album, lorsque vous l'ouvrirez. Qui, sinon nos bons amis d'Amok, pouvait prendre le risque d'adopter une telle mise en couleur ? La bichromie de ce « Fichtre », c'est du jamais vu, une véritable agression que l'on ne peut, a priori, trouver esthétique. Noir, blanc et fluo rouge orange, le résultat est absolument garanti. Et avec un peu de chance, c'est tout ce que vous verrez de cet album avant de le refermer d'un coup sec. Vous manqueriez ce qu'il y a à l'intérieur.

« Fichtre », c'est un ensemble d'histoires courtes qui revisite à sa façon quelques personnages mythiques en les cachant sous l'apparence banale de petits garçons. Ainsi, on suit les aventures d'une bande de gamins américains qui ont un petit côté Peanuts avant de se rendre compte qu'il y a des choses un peu étranges qui se passent dans ce groupe. Mordikus ne possède qu'une canine, c'est un vampire en courtes culottes. Robby Chouchou Rondouille, c'est Docteur Jekyll/Mister Hyde. Macchab boy est un zombie, et son chien Clebsette Bidoche est lui aussi revenu de la mort. Quant à Patchwork Boy, son père l'a cousu avec des cadavres d'enfants. Que dites-vous de ça ? Que Weissman a un sacré problème et qu'il le règle en faisant de la BD ! Je ne dirai pas que c'est désopilant. Certaines histoires n'ont d'ailleurs ni queue ni tête. Mais c'est pour le moins original. Et il y a de bons moments. Ca a un côté trash-MTV qui plaira aux accros de Beavis & Butt-Head. L'idéal est quand même d'être daltonien...
« Les souris ont parfois du mal à gravir la montagne », par Vincent Ravalec, illustré par Dupuy et Berberian. Aux éditions du Seuil.

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas une BD dont je vous parle aujourd'hui. « Les souris ont parfois du mal à gravir la montagne » est un de ces livres inclassables, ni roman ni essai. Plus proche du récit autobiographique, il raconte l'expérience de Vincent Ravalec en tant que réalisateur de cinéma. Un métier que cet écrivain aborde avec autant de distance que d'humour et qu'il raconte, chapitre après chapitre, de manière désopilante. Il faut dire que la vie de réalisateur de cinéma en France n'est pas de tout repos. On y croise une faune peu banale, à commencer par des acteurs (-trices, surtout, puisqu'elles semblent souvent plus névrosées que leurs collègues masculins), des producteurs et toute une meute de professionnels du restaurant ou de la finance pour qui l'art est un bizness avant tout. Sans concession, sans tendresse exagérée pour ce monde qu'il a fréquenté presque à son corps défendant, Ravalec règle ses comptes. Mais il n'est jamais ni vulgaire ni aigri. Cette pointe d'humour, on la retrouve dans les dessins que Dupuy et Berberian ont faits pour illustrer le récit de l'auteur. Dans le plus pur esprit du dessin d'illustration, ils ont pour une fois délaissé l'encre. Le crayon leur permet une finesse inattendue, qui m'a parfois rappelé le ton d'un Sempé. En tout cas, ils apportent un regard frais et original sur un texte qui n'avait pas besoin d'illustration pour exister mais qui semble leur faire de la place avec beaucoup de plaisir. Du plaisir, vous en aurez, vous aussi, à la lecture de ce livre caustique dont la première qualité est de ne pas se prendre au sérieux !
Demy (Amenophis IV) par Thierry Bellefroid
« Demy », tome 1 de la série Aménophis IV, par Dieter, Le Roux, Manchu et Hubert. Dans la collection Néopolis des éditions Delcourt.

Dieter s'aventure en SF après avoir exploré la plupart des autres genres de BD. Et ma foi, le résultat est loin d'être mauvais. Même s'il est toujours difficile de se faire une idée d'une série sur le seul premier album, « Demy » est une bonne histoire, parce qu'elle transpose le roman policier dans une univers utopique intéressant. La colonie terrienne établie sur Mars est en effet à la recherche de la société idéale, fondée sur une exacte répartition des tâches et des individus et sur un contrôle psychologique permanent de la population. Même la religion y est rigoureusement planifiée (et on le verra, transgresser les règles en la matière, peut mener loin). Le personnage principal, l'officiant Barhile, est par ailleurs très réussi. Il campe à merveille ce rôle de « curé » du futur, pas trop à cheval sur les principes et très réaliste face aux événements. Les événements, en l'occurrence, pourraient renvoyer à une simple histoire de serial killer, puisqu'il s'agit de meurtres en série. Mais il y a les messages qu'envoie le tueur au prêtre et leur signification ésotérique, qui rendent la chose beaucoup plus mystérieuse et justifient pleinement le choix d'un cadre science-fictionnel. Manchu ajoute à l'ensemble une touche personnelle qui s'exprime à travers des décors très réussis et un design général tout à fait crédible. Créateur d'univers, il donne du souffle à l'ensemble et fait parfois oublier les faiblesses du dessin d'Etienne Le Roux. Sa plus belle réussite, ce sont incontestablement ces primates clonés pour servir les terriens, les « Anthros », qui rappellent la Planète des Singes et qui seront sans doute des personnages-clés dans la suite de l'histoire.
Notes mésopotamiennes par Thierry Bellefroid
« Notes mésopotamiennes », par François Ayrolles, à L'Association.

Un petit livre de la collection Mimolette qui ne paie pas de mine mais qui ravira plus d'un lecteur. Sur chaque page, François Ayrolles (à ne pas confondre avec le scénariste de Garulfo, Alain Ayrolles) développe une idée, une petite idée de rien du tout, le genre de réflexion qu'on se fait en tombant sur un papier par terre ou en ouvrant un bouquin dans une bibliothèque. A chaque fois, tout est dit en six cases, sous lesquelles Ayrolles ramasse sa pensée en voix-off. L'écriture est soignée, elle révèle un regard pointu sur les choses et sur le monde, un regard qui trahit une curiosité jamais satisfaite. Tout cela est léger mais pas inutile, souvent à la frange de l'absurde, parfois drôle parfois plus poétique. Et la plume de François Ayrolles raconte, elle aussi, avec beaucoup de justesse, ce que la caméra de ses yeux a vu ou imaginé. Certaines cases foisonnent de détail, c'est parce qu'ils sont nécessaires. Dans les autres, le dépouillement de bon aloi offre un dessin d'une belle simplicité. Ces notes mésopotamiennes, c'est le carnet de bord d'un passant qui ne cesse de regarder le monde autour de lui, d'interroger ses bizarreries, de relever ses clins d'oeil. Et quand on referme ce petit livre, on se dit qu'il n'y avait rien en trop, ni un mot, ni un trait. C'est souvent à cela que l'on reconnaît les vrais auteurs de BD.
« La mort au ventre », tome 3 de la série Docteur Monge, par Bardet et Chabbert, dans la collection Bulle Noire des éditions Glénat.

Personnage parfois un peu difficile à cerner, ce docteur Monge, mais pas inintéressant. Dans ces campagnes facilement gagnées par un obscurantisme entretenu par le clergé, cette nouvelle histoire affirme encore le côté anticonformiste du héros imaginé par Daniel Bardet. Le médecin est surtout un libre-penseur prêchant la tolérance dans un monde où les apparences sont souvent trompeuses. Ainsi, le personnage du père Liotard, atteint de syphilis, apparaît comme l'un de ces hommes enfermé dans le secret de sa charge et dévoré par l'amour et la honte. C'est sur l'opposition entre des gens comme lui ou comme le violent Anthime (dont les traits ressemblent étrangement au visage de Frank Giroud) et ceux qui choisissent l'autre voie, celle de la tolérance, que se construit cette histoire. Monge y apparaît sans doute plus entier que jamais, moins victime de sa propre vie que dans les épisodes précédents.
Dommage que le dessin d'Eric Chabbert -qui est loin d'être mauvais- louche très souvent sur les productions de ses confrères. De trop nombreuses pages rappellent Sambre, y compris dans le choix des couleurs ou même dans la physionomie des personnages. Et quelques autres (notamment la planche 40) font un peu trop penser au 3ème Testament. Pour un dessinateur qui a déjà beaucoup de Juillard et de Martin Jamar dans son trait, ça fait un peu trop d'influences...
« Le lièvre de Mars N°7 » par Cothias et Parras. Chez Glénat.

Cothias, spécialiste des univers à rallonge et des histoires à tiroirs nous a bien baladés, merci. Il aura fallu sept albums pour arriver vraiment au coeur de l'histoire. C'est beaucoup. Mais la récompense est là. Ceux qui ont eu suffisamment de patience pour ne pas décrocher en cours de route obtiendront dans cet épisode la plupart des réponses à leurs questions. La plupart, mais pas toutes, ce serait trop facile.
En attendant, que fait le lièvre de Mars, alias David Rutherford dans cet album ? Il court, comme d'habitude, droit devant, avec l'espoir de trouver qui sont les hommes qui veulent sa mort et pourquoi il est allé trois ans sur Mars avant d'être frappé d'amnésie puis traqué aux quatre coins de la planète. Cothias, qui a quelques idées fixes en ce moment, nous refait le coup des « Tyrann » (voir « La mémoire des ogres », dans la collection Bulle Noire, même éditeur) et nous propose un président des Etats-Unis déjanté et sanguinaire dans le rôle du grand méchant. Ne s'encombrant guère de crédibilité, il mène son histoire tambour battant, sachant que son public lui est acquis. Pas de quoi crier au génie...
Merlin va à la plage (Merlin) par Thierry Bellefroid
« Merlin va à la plage » par Sfar et Munuera. Chez Dargaud.

Joann Sfar s'inspire de l'histoire de l'art comme d'autres de la littérature américaine. Depuis quelque temps, en effet, il multiplie les références et les allusions. Au point de consacrer tout ce troisième album de Merlin à une version très personnelle et drôle de l'histoire de la tapisserie de Bayeux. Evidemment, c'est déconcertant. Le Petit Merlin et ses copains Jambon et Tartine avaient jusqu'ici plutôt évolué dans des univers décalés, résolument oniriques. Cette fois, ils rejoignent l'Histoire, celle qui s'écrit avec un grand H. Il faut donc accepter de suivre cette évolution inattendue et emboîter le pas à la fantaisie des auteurs qui nous proposent ici des pages très inégales et très différentes les unes des autres. Exemple : la page 14 (planche 12) est affreusement bavarde, presque illisible si l'on considère que la série s'adresse d'abord aux enfants. Les pages 23 (planche 21) ou 26 (planche 24) sont à l'inverse des modèles parfaits de ce que peut-être la bande dessinée grâce au seul découpage. Pas de phylactères, pas d'effets de mise en page, juste un gaufrier de douze cases parfaitement maîtrisées. Le problème est de passer d'une ambiance à l'autre, de suivre les auteurs au gré de leurs petits caprices. Personnellement, je n'ai pas eu trop de problèmes, mais je peux comprendre que ceux qui ont mordu aux deux premiers albums pour leurs qualités enfantines (notamment la lisibilité) y perdent leur latin et regrettent la première époque. Pourtant, il y a beaucoup d'humour dans ce Merlin à la plage, beaucoup de trouvailles, comme toujours chez Sfar et une excellente mise en image de Munuera qui dessine mieux que jamais.
Les gnomes (Gnomes de Troy) par Thierry Bellefroid
« Gnomes de Troy » par Arleston et Tarquin, chez Soleil.

Le Petit Lanfeust débarque en album. Il avait déjà testé son pouvoir magique dans les pages de Lanfeust Mag. Et évidemment, ledit pouvoir était de fédérer des lecteurs. Il y avait déjà le Petit Spirou, alors pourquoi pas lui ? Il faut dire que, partant du bon vieux principe qu'une bande de gamins est capable de toutes les bêtises et les audaces, Scotch Arleston avait peu de raisons de se gêner. Ses gags font mouche et les caractères de ses petits « monstres », pour caricaturaux qu'ils soient, sont plutôt bien imaginés. Surtout les deux soeurs, Cixi et C'ian, dont l'une est aussi fleur bleue que l'autre est cruelle. L'exploitation de l'univers de Troy est finalement assez réduite. Il y a d'une part le pouvoir magique que se découvre chaque habitant et que les enfants sont sur le point de recevoir -avec le risque d'en faire mauvais usage, bien sûr (j'adore le gag de la petite Cixi qui a utilisé son pouvoir de transformer l'eau en glace pour figer le pipi de Lanfeust, très drôle...). Et de l'autre, les dragons et les pétaures, qui rappellent qu'on est bien dans l'univers imaginé par Arleston. Le dessin de Tarquin est adapté au style de BD plus enfantine et surtout plus humoristique, l'ensemble est très lisible et les visages très expressifs. Quelques gags comportent un niveau de lecture musical décalé, comme ce « si j'avais zun marto » chantonné par Staga. Bref, un bon petit album, sans prétention exagérée mais qui ne me paraît pas non plus valoir d'être encensé.
Week-end motard (Lucien) par Thierry Bellefroid
« Week-end motard », 8ème tome de la série Lucien, par Frank Margerin, aux Humanos.

Même s'il a largement contribué au succès des Humanos pendant ses « belles » années, on peut aujourd'hui raisonnablement se demander ce que fait encore « Lucien » -le héros des années quatre-vingt par excellence- dans une maison d'édition résolument tournée vers le futur. On ne peut pas dire que l'humour soit le fond de commerce des Humanoïdes Associés, et encore moins la nostalgie en effet. Pourtant, Margerin, « vieux » meuble très respecté en France, continue de faire du Margerin, c'est à dire, du dépassé. Son Ricky chez les Ricains avait déjà un côté lourd. Mais ce « week-end motard » n'a rien à lui envier dans le domaine. Déjà que le Joe Barr Team a enlevé à qui que ce soit toute possibilité de faire de l'humour motard en espérant faire neuf. Mais en outre, les recettes de cet album sont si éculées qu'il m'est arrivé de m'arrêter deux instants pour méditer sur la dure condition d'auteur en panne d'idées. Margerin ne m'a ni fait rire ni même étonné au détour d'une page ou d'une réplique. Plat comme un brie un jour de canicule, son album. Aah qu'il est dur d'être et d'avoir été.
L'association au Mexique par Thierry Bellefroid
« L'Association au Mexique », avec les travaux de Dominique Goblet, Vincent Vanoli, Caroline Sury et Thomas Ott.

Après le joli succès de L'Association en Egypte, une nouvelle expédition s'imposait. Elle débouche sur ces quatre histoires très différentes les unes des autres, reflets de ce qui se fait actuellement dans la BD dite alternative. Dominique Goblet ouvre le feu avec son dessin volontairement naïf et maladroit (ceux qui en douteraient regarderont avec attention les quelques dessins plus « académiques » contenus dans ce récit, ils constateront que Dominique Goblet est capable de dessiner « comme tout le monde »...). Sous forme de notes de voyage, avec ratures et collages de circonstance, une vision décalée et humoristique de ce qui est avant tout un choc culturel. De bons moments, mais je ne serai certainement pas le seul à regretter un ton très premier degré totalement en opposition avec le dernier chapitre, mon préféré, signé Thomas Ott. Le Suisse n'a rien perdu de son pouvoir d'évocation à travers le noir et blanc, le noir surtout. Ses images sont particulièrement belles et fortes, même si certaines sont dérangeantes et si la mort y est omniprésente. La carte à gratter de Thomas Ott révèle un vrai grand artiste qui compte à ce jour encore trop peu d'albums solo. Comme lui, Vanoli est loin d'être un inconnu. Avec son habituel talent pour les ambiances étranges et les non-dits, il abandonne quelques-uns de ses tics les plus dérangeants pour adopter un style de dessin très classique qui lui sied plutôt bien. Et toujours, cette maîtrise incontestable des gris. Droit au but, Vanoli s'intéresse au Chiapas et recherche l'âme du Mexique derrière les clichés. Quant à Caroline Sury, j'avoue... j'ai pas compris ! La quinzaine de pages qu'elle barbouille sans vergogne m'a semblé un pur gaspillage. Beaucoup diront qu'ils sont capables de dessiner mieux qu'elle. Ils n'auront pas tort. L'alternatif, oui. Mais faut-il vraiment tourner le dos au talent pour prouver d'où on vient ?
Le Casse-tête (Immondys) par Thierry Bellefroid
« Immondys, au-delà de l'impossible ». Tome Un : Le casse-tête. Par Daniel Hulet. Dans la collection « Carrément BD » des éditions Glénat.

Créée pour lancer la collection « Carrément BD », une collection qui se caractérise, vous l'aurez compris, par son format carré, Immondys est une oeuvre dérangeante, glauque, malodorante, comme on en croise peu. L'auteur s'en excuse presque dans la préface -ou à tout le moins il prévient- : une lecture rationnelle ne s'applique pas à cet ouvrage qui emprunte gaiement les voies de l'inconscient, de l'imaginaire, de l'absurde. Quête spirituelle, quête de sens, tout simplement, Immondys ? Oui et non. Quête artistique avant tout, sans doute. Car Hulet y donne le meilleur de lui-même, balançant au passage quelques superbes dessins de décors bruxellois -ses décors. L'église Notre Dame de Laeken, la rue Royale Sainte Marie, le Botanique, l'hôpital Brugmann, revus à travers le prisme de l'étrange et de l'angoisse. Il y a quelque chose de Bilal dans cet album, mais ce n'est pas du Bilal. Sans doute la même fascination pour les mots, qui défilent presque parallèlement aux images, qui vivent leur propre vie et racontent leur propre histoire. Une attirance pour l'étrange, aussi, pour l'inexplicable surtout. Sans compter cette mise en page torturée pas toujours très digeste, puisqu'elle oblige sans cesse le lecteur à retourner son album afin de lire à l'endroit des cases délibérément placées tête-bêche. Au lecteur d'accepter de cheminer sans lumière, de s'inventer des ponts, des liens, entre les réalités esquissées du bout du crayon par l'auteur. Un homme et une femme se rencontrent dans une autre dimension et tentent de partir à la recherche de leur identité. Mais les clés se dérobent et les réponses se dédoublent. Immondys, c'est ça. Esprits cartésiens et dépressifs s'abstenir.
« Réminiscences », tome 1 de Comptine d'Halloween. Par Callede, Denys et Hubert. Dans la collection Sang-Froid des éditions Delcourt.

Il est de notoriété publique que Guy Delcourt est constamment à la recherche de jeunes dessinateurs... peu gourmands en matière d'émoluments. On ne s'étonnera donc pas de voir le nom de Denys Quistrebert s'ajouter à la liste déjà longue des « petits nouveaux » lancés cette année par les éditions Delcourt. A chaque fois, on se dit que l'éditeur a tapé juste. Malgré les défauts de jeunesse inévitables, il y a un trait, une facture tout à fait acceptable. Que l'on pense à « Station debout », « Petit verglas » ou « Le maître de jeu », par exemple, cette remarque s'applique de la même manière. D'autant que ces jeunes dessinateurs ne partent généralement pas au feu sans être assistés d'excellents coloristes, c'est le cas d'Hubert qui fait oublier bien des défauts du dessin de Denys dans ce premier album de Comptine d'Halloween remarquablement mis en couleurs. Bien, le préliminaire de circonstance étant installé, venons-en à l'album, réalisé, donc, par deux inconnus.

Joël Callede ne s'est pas jeté dans cette histoire au hasard. Il a au moins relu l'intégrale de Stephen King et pillé la vidéothèque de films d'horreur de Pau avant de se mettre au travail. Tous les clichés du genre sont réunis dans ce scénario... à commencer par Halloween, que le cinéma a déjà exploité jusqu'à la moëlle. Alors, que vient faire la BD dans ce genre que réalisateurs et écrivains ont déjà mille fois abordé ? Peut-être combler un vide. Rien ne ressemble à Scream en BD, rien ne ressemble à Shining non plus. Ou c'est trop gore ou c'est du polar. On dirait que Joël Callede a su taper pile au milieu. Son histoire roule comme une boule de bowling et on se surprend à jouer les quilles d'un bout à l'autre. Menée tambour battant, elle arrive à nous faire oublier que nous ne sommes pas au cinéma. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on frissonne ici -est-ce possible de faire frissonner le lecteur de BD ?, j'en doute- mais on se jette à corps perdu dans cette aventure trop courte et foutrement bien ficelée. Les esprits négatifs demanderont ce que ce genre d'histoire apporte à la BD sinon confirmer son statut de succédané du cinéma. Je pense pour ma part que si les meilleures BD sont celles qui ne sont pas transposables au cinéma, il y a également place pour « d'honnêtes » histoires en bande dessinée qui s'inspirent des univers et de la manière de raconter des cinéastes. Celle-ci en est incontestablement une.
Le deuxième cercle (Exit) par Thierry Bellefroid
« Le deuxième cercle », tome 2 de la série Exit. Par Alain Mounier et Bernard Werber. Chez Albin Michel.

Première constatation : Bernard Werber nous fait le coup de la fin frustrante à souhait. Ca marche une fois, pour le gag, si j'ose dire, mais cette obsession qu'a le scénariste de tenir ses lecteurs en haleine -même d'un album à l'utre- devient déjà gênante. C'est pas si compliqué de trouver une fin provisoire, de quitter son lecteur sur un sentiment de bonheur plutôt que de frustration... je dirais même que c'est une question de respect.

Deuxième constatation : après un début en force, Exit se dilue déjà. Il ne suffit pas de maintenir élevé le niveau de l'action pour faire « tenir » une histoire ; il faut aussi éviter de la tirer en longueur. Or, ce « deuxième cercle » nous promène, voire, fait du sur-place, mais en tout cas ne nous rapproche nullement de la solution de l'intrigue. Dommage. D'autant que beaucoup d'éléments semblent cette fois vraiment peu crédibles. Exemple : l'arme pleine d'empreintes... disposées à l'envers, puisque Amandine rattrape la crosse mains en accent circonflexe, canon vers le bas. Qui croirait qu'elle a pu tuer quelqu'un avec un revolver pointé vers ses pieds ? Autre exemple, Kafka, le chat faire-valoir sorti de nulle-part qui défend sa maîtresse « bec » et ongles trois heures à peine après avoir fait sa connaissance. Quant aux tueurs d'Exit qui rattrapent Amandine où qu'elle se cachent, ils n'expliquent jamais comment ils ont retrouvé leur proie : un peu facile. La méthode devient très simple. 1° Amandine va se faire tuer. 2° Elle échappe de justesse à la mort. 3° Elle se réfugie dans un endroit ou auprès de gens qu'Exit ne peut connaître et se croit donc un temps hors de danger. 4° Les tueurs la retrouvent inexorablement. Ca peut durer longtemps ce petit jeu, genre course-poursuite de cheval en train et de train en voiture. Mais ça n'apporte pas grand chose.

Bernard Werber est un grand romancier et surtout -ses romans le prouvent- un scénariste brillant et inspiré. Après un premier album enthousiasmant (la critique est toujours visible sur ce site), on était en droit d'attendre de lui autre chose que du sous Van Hamme.
Physilia (Les Aquanautes) par Thierry Bellefroid
« Physilia », tome 1 de la série « Les Aquanautes », par Parnotte et Mallié, chez Soleil.

Nouvelle série, une de plus, chez Soleil. Vincent Mallié et Joël Parnotte nous entraînent sous l'eau, dans une station scientifique occupée depuis quelque temps par des militaires aux plans très secrets. Ca ne fait pas l'affaire des géologues, qui n'apprécient guère de ne plus être les maîtres chez eux. La tension monte d'un cran lorsqu'on découvre l'un des militaires mort. Mais quand Nando Mc Rae, l'un des géologues au passé personnel un peu chamboulé, croit avoir vu un assassinat qui n'a, lui, officiellement pas eu lieu, ça devient vraiment compliqué. D'autant que le même Nando, à couteaux tirés avec tout ce que la base compte d'uniformes, est désigné pour faire équipe avec les militaires afin de récupérer la mystérieuse cargaison d'un cargo cubain. Le scénario des Aquanautes s'annonce sous les meilleurs auspices et comme le dessin n'a rien à lui envier, on est plutôt content d'en parler. Le personnage central est crédible, les rôles secondaires sont bien distribués, le mystère est intelligemment dosé. Que cache le travail des militaires ? On ne le saura pas dans cet album, évidemment. Pas plus qu'on aura de réponse ou de début de piste concernant les assassinats de militaires qui ont lieu dans la base. C'est la loi du genre, toujours un peu frustrante, mais moins frustrante que la fin qui nous laisse sur une expression de stupeur de Nando Mac Rae, découvrant un nouveau cadavre. Dur pour les nerfs, mais bon, on attendra sagement la suite pour en savoir plus.
Pascin - tome 2 (Pascin) par Thierry Bellefroid
« Pascin 2 & 3 », par Joann Sfar à L'Association.

Dessinés il y a plus de deux ans, déjà, les tomes deux et trois de Pascin paraissent simultanément, dans la collection Mimolette. Joann Sfar y poursuit son travail de biographe non officiel et décalé. Tellement décalé que le lecteur se demandera pendant presque tout le tome deux s'il est bien en train de lire la suite du premier volume. C'est que Sfar n'aime pas la ligne droite. Ni graphiquement ni scénaristiquement. Pour raconter la vie de ce peintre, il fait des détours et s'attarde sur deux autres de ses contemporains, Juifs comme lui. Le deuxième album est donc une transition qui nous permet d'aborder la rencontre entre Pascin (de son vrai nom Julius Mordecaï Pincas, Juif d'origine bulgare), Soutine (expressionniste d'origine lituanienne) et le célèbre Russe Chagall (auquel Sfar a déjà fait de larges allusions dans le dernier Petit Vampire)
Curieusement, Chaïm Soutine et Marc Chagall se fréquentent beaucoup plus tôt que ne le situe Sfar dans cette histoire. Lors d'un premier voyage à Paris, en 1910-1911, Chagall s'installe à La Ruche. Là, il a Soutine pour voisin. Il est curieux que Sfar ait choisi la période de son installation « définitive » à Paris (elle ne le sera pas car Chagall voyagera encore à travers la moitié de la terre dans les années qui suivront) pour situer cette rencontre. Et toute réflexion faite, il est même presque curieux que Joann Sfar n'ait pas choisi de raconter l'incroyable destin de Chagall (mort en 1985 à près de 100 ans !), auquel il porte manifestement beaucoup d'estime (et dont les eaux-fortes et certaines lithographies présentent une étonnante parenté graphique avec le trait du dessinateur de BD) plutôt que celui de Pascin. Sans doute Sfar tenait-il plutôt à faire sortir Pascin de l'ombre et à s'appesantir sur le milieu aux moeurs déliquescentes dans lequel il se complaisait. Le rapport entre l'art et le sexe, entre la création et la pauvreté, est ici exploité avec beaucoup de talent. Mais il est certain que le traitement original de cette biographie ne plaira qu'à un public très restreint. Sfar se fait plaisir et L'Association est sans doute l'une des seules maisons d'édition qui peut se permettre d'éditer de tels albums.
La journée de la terre par Thierry Bellefroid
« La journée de la terre », par Assaf Hanouka et Etgar Keret, dans la collection « petits Meurtres » des éditions du Masque.

La bande dessinée israélienne est pour le moins peu connue chez nous. Il faut dire qu'elle est rarement traduite en français. Il y a quelques mois, une collaboration entre un jeune dessinateur israélien et l'un des tenants du roman noir français -Didier Daeninckx- permettait aux éditions du Masque de faire sortir cette BD de l'ombre (cette collaboration, c'était l'album « Carton Jaune », dont vous pourrez trouver la chronique sur ce site). Le dessinateur en question, Assaf Hanouka, revient en effet avec un album 100% israélien, cette fois. Son scénariste, Etgar Keret, est un écrivain et un réalisateur très connu dans son pays. Et les histoires qu'ils racontent sont réellement un miroir sans prétention de ce que peuvent vivre les jeunes Israéliens d'aujourd'hui. De courts récits qui empruntent les techniques de la nouvelle pour nous brosser en quelques traits un état des lieux très tranché, assez noir. Il n'y a pas de fin aux histoires d'Etgar Keret, mais qu'importe, il ne s'agit que de polaroïds sans concession. Le dessin d'Assaf Hanouka, dépouillé de ses couleurs et de ses rondeurs, apparaît ici comme le medium idéal pour raconter la vie quotidienne en Israël. Une vie dont les décors semblent universels : buildings, voitures, cinémas et chambres d'ados comme on en voit partout. Mais dont le petit quelque chose au fond des yeux des protagonistes ne se rencontre pas dans la plupart des Bandes Dessinées que l'on peut lire par ailleurs.
Pascin - tome 3 (Pascin) par Thierry Bellefroid
« Pascin 2 & 3 », par Joann Sfar à L'Association.

Dessinés il y a plus de deux ans, déjà, les tomes deux et trois de Pascin paraissent simultanément, dans la collection Mimolette. Joann Sfar y poursuit son travail de biographe non officiel et décalé. Tellement décalé que le lecteur se demandera pendant presque tout le tome deux s'il est bien en train de lire la suite du premier volume. C'est que Sfar n'aime pas la ligne droite. Ni graphiquement ni scénaristiquement. Pour raconter la vie de ce peintre, il fait des détours et s'attarde sur deux autres de ses contemporains, Juifs comme lui. Le deuxième album est donc une transition qui nous permet d'aborder la rencontre entre Pascin (de son vrai nom Julius Mordecaï Pincas, Juif d'origine bulgare), Soutine (expressionniste d'origine lituanienne) et le célèbre Russe Chagall (auquel Sfar a déjà fait de larges allusions dans le dernier Petit Vampire)
Curieusement, Chaïm Soutine et Marc Chagall se fréquentent beaucoup plus tôt que ne le situe Sfar dans cette histoire. Lors d'un premier voyage à Paris, en 1910-1911, Chagall s'installe à La Ruche. Là, il a Soutine pour voisin. Il est curieux que Sfar ait choisi la période de son installation « définitive » à Paris (elle ne le sera pas car Chagall voyagera encore à travers la moitié de la terre dans les années qui suivront) pour situer cette rencontre. Et toute réflexion faite, il est même presque curieux que Joann Sfar n'ait pas choisi de raconter l'incroyable destin de Chagall (mort en 1985 à près de 100 ans !), auquel il porte manifestement beaucoup d'estime (et dont les eaux-fortes et certaines lithographies présentent une étonnante parenté graphique avec le trait du dessinateur de BD) plutôt que celui de Pascin. Sans doute Sfar tenait-il plutôt à faire sortir Pascin de l'ombre et à s'appesantir sur le milieu aux moeurs déliquescentes dans lequel il se complaisait. Le rapport entre l'art et le sexe, entre la création et la pauvreté, est ici exploité avec beaucoup de talent. Mais il est certain que le traitement original de cette biographie ne plaira qu'à un public très restreint. Sfar se fait plaisir et L'Association est sans doute l'une des seules maisons d'édition qui peut se permettre d'éditer de tels albums.
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